A ma place

On a beau tout prévoir, tout organiser, croire tout savoir et vouloir tout maîtriser.

Et puis on se laisser surprendre, vivre les choses pas vraiment de la façon dont on l'avait imaginée. Parfois les subir.

Voilà maintenant 8 mois que je vous fais passer avant moi, un peu plus qu'avant encore.

Il y a eu cette journée du 30.12.2016 et cet horrible accident qui a changé notre vie depuis.

Il y a eu toi, qui t'étais logée dans mon petit ventre une petite semaine auparavant.

Et puis toi, notre petite poulette, qui m'en demandait tant, et deux fois plus en l'absence de ton papa d'abord, puis ensuite au vu de son incapacité à te porter et à faire de grandes vadrouilles avec toi.

Il y a eu vous trois, et moi.

Ces longs mois de difficultés, de fatigue, de doutes et de questions, de responsabilités à porter.

Des longs mois de février, de mars, où le tunnel n'en finissait pas et s'accompagnait d'un temps maussade.

Il y a eu tellement de choses.Tes premiers pas à toi. Ses premiers pas à lui et sa longue rémission. Tes petits bobos et les siens.

Ces dernières semaines, c'est toi qui a fait savoir ta présence, m'obligeant à m'adapter à toi. A penser à toi. Plus que j'en ai eu le loisir de le faire depuis le début de l'année. J'en suis désolée. La culpabilité qui accompagne la condition de maman ne m'a jamais lâchée depuis.

Aujourd'hui, j'ai dû tellement faire pour les autres, toi, lui, mais aussi pour profiter de tous ceux qui sont passés nous rendre visite, que je ne me sens absolument pas la force de faire encore passer quelqu'un d'autre avant moi.

Pourtant il va falloir. Et tu n'y peux rien. Peut-être dois-tu être notre rayon de soleil de cette année un peu triste, un peu spéciale. J'espère.

Il ne me reste qu'à mettre à profit ces derniers jours, ces dernières,semaines, pour devenir un peu plus égoïste. Egoïste au sens large, égoïste pour moi, pour toi que nous allons bientôt rencontrer.

Penser à moi d'abord, à lui, et à vous-deux qui allez nous faire tourner en bourrique bientôt. Et ne surtout pas oublier qu'avant quatre, nous étions deux.

Trouver du temps et de la place pour chacun et chacune, avant tout. Avant les autres.

C'est encore un nouveau défi pour les mois et années qui viennent.